[...] Posons les choses, veux-tu ?

Oh je sais combien tu détestes que je m'adresse à toi par pixel interposés. Ne crois pas que ça soit plus facile pour moi. Rien qu'à l'idée que d'autres lisent, j'te jure que ma pudeur en frémit. Mais, pour le moment, je ne vois pas d'autre solution, j'ai besoin de le "jeter" quelque part, pour y voir plus clair, mais je veux qu'on le partage, c'est normal. On a toujours tout partagé, à quelques détails près, j'espère que tu ne m'en voudras pas (trop) de le faire ici.

C'est pas facile, et on s'en doutait. Je ne sais pas si je te l'ai dit au moment où j'y songeais mais, pour moi rien à changer. Tout est resté rigoureusement pareil, en place, ce qui rassure d'habitude : mais, puisqu'il faut toujours un "mais", c'est moi qui est changé, ou évolué si tu préfères. Ça aussi on s'en doutait (enfin, tu l'as certainement perçu avant moi, ce pressentiment, cette sensation bizarre lorsque je t'échappais). Aujourd'hui, je ne cesse de t'échapper. Parfois j'ai même l'impression de te fuir, sans en avoir vraiment conscience. Parfois, j'ai l'impression que c'est toi, par dépit ou parce que tu as décider toi même de prendre ses distances pour que l'on se retrouve mieux, je ne sais pas.

On a essayé pourtant [...] de revivre l'Instant, tu sais de quoi je parle, nos moments, si précieux, l'essence même de la complicité qui nous a toujours lié. Mais ça n'a pas fonctionné, on ne contrôle pas ce genre de chose, on en a fait l'amer expérience.

Et on vogue, on vogue, se croisant de temps en temps, trop étrangère l'une à l'une à l'autre. Étrangère, oui. Je t'avoue que ce mot fait mal, réellement. Blessant, si palpable. On ne se reconnait plus. Je crois, qu'hélas, on n'y peut rien. C'est difficile à admettre mais peut-être avons-nous besoin de faire notre route ? Séparée, j'entends. Peut-être as tu des choses à réaliser où je n'ai pas ma place. Notre quotidien s'échappe, se consume, il n'a plus lieu d'être : c'est un fait.

Ca ne veut pas dire que mes sentiments changent [...] pourrais jamais lâcher ta main. Parce que je suis ainsi constituée : d'un peu de toi, de la poussière d'or. Que quoiqu'il advienne, tu es et resteras cette assemblage de molécule qui m'est si "chair". Ce n'est pas un adieu, juste un " à plus tard ", je te laisse sur l'autre rive, j'ai de nouvelles contrées à explorer, toi aussi j'en suis sûre, on se racontera tout à notre retour.

[J'ai failli effacer tout cela, et au dernier moment, j'ai lutté, je l'ai fait trop de fois auparavant. Je n'ai aucune idée de ce que tu vas penser de ces mots, quelle sera ta réaction, l'expression de ton visage... Sache juste que je n'attends aucune réponse de ta part, aucun retour : tu as le choix]

Marine.